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Comment la radio investit-elle le territoire numérique ? Retour sur la fabuleuse histoire de Radio France

ISM_Erwann Gaucher, directeur numérique France Inter

Il y a 5 mois, Erwann Gaucher, Directeur numérique France Inter chez Radio France postait « France Inter encore et toujours 1ère radio de France sur le numérique ». Chaque jour, France Inter c’est 1,4 millions d’auditeurs numériques en direct, soit 400 000 de plus par rapport à 2 ans, en cela France Inter continue de s’installer en haut du podium.

En ligne, en direct, en replay, par des podcasts, sur les réseaux sociaux, etc. le numérique, l’avenir de France Inter s’écrit aussi via le numérique. Erwann Gaucher nous dit tout !  

En 1 phrase, quelle est votre mission au sein de France Inter ?

Faire rayonner l’excellence des programmes de France Inter, qu’ils soient diffusés ou non à l’antenne sur tous les supports numériques pour conquérir de nouveaux auditeurs.

En tant que Directeur numérique de France Inter depuis plus de 2 ans, quels ont été vos principaux défis ?

Ils ont été nombreux !

  • Adapter la radio et ses programmes aux nouveaux usages audio qui explosent, qui vont des podcasts originaux n’étant pas diffusés à l’antenne au boom des enceintes connectée etc…
  • Conquérir de nouveaux auditeurs qui ne sont pour la plupart pas des auditeurs de radio en accentuant et diversifiant notre stratégie vidéo, représentant désormais 30% du milliard d’écoutes numériques qui se sont fait sur France Inter en 2019.
  • Observer et comprendre les modifications d’usage et d’algorithmes des plateformes sur lesquelles nous sommes fortement présents (Facebook, Youtube, Instagram etc… ) pour continuer à s’en servir et attirer de nouveaux auditeurs vers les programmes de France Inter.
  • Imaginer de nouveaux formats et de nouvelles organisations pour les produire sans jamais perdre la qualité qui fait la force de Radio France en général sur l’audio et de France Inter en particulier.
  • Répondre, sans précipitation mais rapidement, à l’arrivée de nouveaux concurrents de poids dans le secteur de l’audio généraliste comme Spotify et ainsi imaginer ce que seront les usages audio de demain, entre smartphones, enceintes et voitures connectées….

Bref, les défis ne manquent pas !

Vous vous définissez comme « agitateur de rédactions et pèlerin numérique depuis déjà 10 ans« , qu’est-ce que cela signifie ? comment cela se traduit-il concrètement ?

Concrètement, cela veut dire que depuis plus de 10 ans je travaille au sein de différents médias pour imaginer comment trouver sa voie (et sa voix maintenant) dans un univers numérique en expansion rapide. Je l’ai fait de nombreuses années en presse écrite, puis à France Télévisions, à Radio France et maintenant dans la première radio de France, qui est également la radio la plus utilisée sur le numérique.

Cela veut dire imaginer, adapter et parfois agiter avec des idées ou des organisations qui peuvent étonner ou détonner mais qui n’ont qu’un but : faire rayonner les contenus imaginés par les rédactions et les équipes de ces médias et intégrer la dimension numérique comme une dimension naturelle du travail et de l’organisation de ces médias.

France Inter affiche des résultats d’écoute qui font pâlir ses concurrents. Quels sont les secrets d’un tel succès ? Le numérique y est-il pour beaucoup ?

Je me garderai bien de les révéler si je les connaissais 😉 Mais la recette est la réalisation. Ajoutée à l’inventivité des équipes et de ceux qui les dirigent et les accompagnent depuis des années, cela donne ce cocktail dont nous sommes très fiers.

Le numérique est une composante parmi tant d’autres, mais une composante qui est devenue essentielle au fil des ans. Sur les presque 7 millions d’auditeurs qui écoutent chaque jour France Inter, 1,4 millions le font via le numérique. Beaucoup de non-auditeurs nous découvrent et nous suivent via notre chaîne Youtube et nos 500 000 abonnés, ou via notre activité sur Twitter, Facebook, Instagram et même Twitch maintenant.

Au début de votre carrière, vous vous êtes spécialisé dans le développement numérique et l’analyse médiatique, à travers un blog puis une entreprise de consulting en mutation numérique. Comment ce passé d’expert influence-t-il vos pratiques actuelles et vos convictions ?

Je dirai que c’est l’inverse : après plusieurs années à « faire » en tant que journaliste dans différentes rédactions, j’ai pris un peu de recul sur mes pratiques et celles de mes collègues pour les analyser et essayer de voir dans quelles directions il serait intéressant de les faire évoluer avec l’irruption du numérique.

J’ai gardé cette position d’« expert » pendant quelques années, mais je voulais surtout pas y rester. Je voulais reprendre un rôle concret et quotidien au sein de médias, c’est pour cela que j’ai rejoint Radio France il y a 5 ans. Je ne voulais surtout pas devenir un « expert de l’expertise », qui distille ses conseils et critiques mais ne sait plus comment cela fonctionne réellement, et n’est plus en prise directe avec les difficultés que rencontrent les équipes qui font fonctionner ces médias au quotidien. Il me semblait essentiel de remettre en jeu mon « expertise » et (re)mettant les mains dans le cambouis pour ne surtout pas rester hors-sol comme trop de consultants.

Quelles sont vos atouts pour mener à bien la digitalisation dans un groupe tel que France Inter ?

Aimer profondément le média radio, être depuis très longtemps un auditeur assidu de France Inter et être toujours curieux des nouveaux usages, avoir envie d’expérimenter, tester, essayer même si ce n’est pas confortable.

Quelles sont les innovations auxquelles vous croyez particulièrement et que vous souhaitez déployer à l’avenir ?

Le search vocal et les réponses audios qui vont accompagner la montée en puissance des nouveaux usages audio dans les voitures, historiquement lieu quasi exclusif d’écoute radio.

Cela me semble une potentielle révolution, bien plus impactante que l’arbre des podcasts natifs qui cache parfois la forêt des nouveaux usages audio.

Quelles sont les qualités/compétences que vous recherchez chez vos équipes ?

La curiosité et la bienveillance.

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